mercredi 25 décembre 2013

Bouillon royal

Philippe III
En 1284, le roi de France Philippe III dit le Hardi est en conflit avec Pierre III, roi d’Aragon fraîchement excommunié par le pape suite à ses conquêtes en Sicile au détriment de Charles d’Anjou, oncle de Philippe III. Jacques II de Majorque, frère de Pierre III et comte du Roussillon, n’a d’autre choix que de s’allier avec le roi de France lorsque celui-ci se lance avec la bénédiction du Pape dans la croisade d’Aragon. L’expédition est un désastre pour l’armée française et Philippe III est obligé de négocier son retour à travers les Pyrénées. Victime de l’épidémie qui a touché son armée en Catalogne, il meurt à Perpignan le 5 octobre 1285. 
Il faut alors rapatrier le corps du roi dans ses terres, mais il n’est pas concevable de le ramener en l’état jusque dans son fief parisien. Le corps de Philippe III, à l’instar de celui de son père Louis IX mort en Tunisie, va donc subir le rituel du mos Teutonicus, technique funéraire permettant de transporter les différentes parties d’un corps en évitant la putréfaction. On commence par extraire le coeur et les entrailles du corps du roi et on les sale comme on le ferait pour conserver n’importe quelle pièce de viande. On fait ensuite bouillir la dépouille, dans de l’eau ou, parfois, dans du vin aromatisé, afin de séparer les chairs des os. On peut alors généralement enterrer le corps du souverain dans trois endroits différents, avec une cérémonie distincte pour les os, le coeur et les entrailles. 
Dans le cas de Philippe le Hardi, son corps se trouve divisé en quatre. Les chairs sont enterrées à la cathédrale de Narbonne, les entrailles sont envoyées à l’abbaye cistercienne de la Noë en Normandie, le coeur est offert  au couvent des Jacobins à Paris et enfin, partie la plus noble, les ossements rejoignent la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. De la dépouille royale il n’est rien resté à Perpignan, mais l’histoire ne nous dit pas ce qu’il est advenu du bouillon…


Sources :
Dominique-Marie-Joseph Henry, Le Guide en Roussillon : ou Itinéraire du voyageur dans le département des Pyrénées-Orientales, Perpignan, J.-B. Alzine, 1842
Jean Villanove, Histoire populaire des Catalans : des origines au XVe siècle, t. 1, J. Villanove, 1978

Crédit photo : Par Acoma (Travail personnel) [Public domain], via Wikimedia Commons.

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1 commentaire:

  1. Une chronique supplémentaire en guise de cadeau de Noël, en attendant la suite d'un projet en cours...

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